CHRONIQUE BORT-LES-ORGUES#4

J-18


Une seule liste candidate aux prochaines élections municipales serait dramatique pour Bort.
Il est indispensable d'encourager les habitantes et les habitants à s’engager pour qu’une deuxième liste résolument sociale et soucieuse de notre environnement voit le jour.
À titre personnel, je n’ai ni la légitimité, ni la popularité pour réunir une liste paritaire de 23 noms. Pour autant, je dresse ici une liste de propositions afin de contribuer aux débats, celles-ci pourront librement être reprises par qui serait en mesure de les porter.

Une série de propositions réalistes pour la ville de Bort-Les-Orgues n’est envisageable qu’en ayant procédé à un bilan financier de notre commune.
Une remise à plat des dépenses, des recettes, un point sur les investissements en cours et les emprunts, sont des préalables fondamentaux quant à la réalisation d’un programme ambitieux pour notre commune.
Il sera également indispensable de connaître les marges de manœuvres qui permettraient de soulager les habitants concernant les impôts locaux au cœur de la cité.

Malgré tout nous pouvons ici formuler des hypothèses et des pistes de travail concrètes.

Convaincu de la nécessité de trouver un nouvel élan pour notre ville, un bilan sérieux ne peut s’entendre que d’un strict point de vue budgétaire, pour se faire je propose la création d’un centre de recherche multidisciplinaires où pourraient se côtoyer aussi bien des chercheurs, des historiens, des artistes, des architectes etc… invités sur des temps de résidences à travailler aussi bien sur notre passé (qui sommes nous ?) qu’à prospecter sur le devenir possible de notre ville  (où allons nous ?), dans un échange étroit avec les habitants, nos écoles, et l’espace jeunes (qui reste à créer).
Au cœur de cette perspective, une réflexion sur les communs m’apparaît comme le fil conducteur à une politique sociale et écologique. Les communs désignent « des formes d'usage et de gestion collective d'une ressource ou d'une chose par une communauté. Cette notion permet de sortir de l'alternative binaire entre privé et public en s'intéressant davantage à l'égal accès et au régime de partage et de décision plutôt qu'à la propriété. Les domaines dans lesquels les communs peuvent trouver des applications comprennent l'accès aux ressources mais aussi au logement et à la connaissance. »
Il s’agira donc là aussi de faire un état des lieux sur notre foncier agricole, forestier et immobilier afin de planifier des projets raisonnés et la création potentielle de nouvelles entreprises et de nouveaux emplois.

Il ne s’agit pas d’inventer l’eau chaude, mais de prendre appuis sur les projets innovants et existants par ailleurs. En ce sens, il me paraît pertinent de citer ici :
- « Ambiance Bois », scierie coopérative de 27 salariés, œuvrant à la valorisation du bois, de l’arbre à la maison, et de l’éco-construction, à Faux La Montagne.
- « Quartier Rouge », association porteuse du projet de la réhabilitation de l’ancienne gare de Felletin, pour un espace mutualisé entre acteurs culturels, artisans novateurs, lieu de formations et de réinsertions
- « Coup de main », association de Sarroux-Saint-Julien travaillant dans le champ de l’économie sociale et solidaire, proposant un parcours d’insertion socioprofessionnelle par des travaux d’entretien d’espaces verts, d’aménagement paysager, de maçonnerie, de charpente ou encore d’ossature bois.
- Le projet d’auto-suffisance alimentaire de la ville d’Albi. S'il s’agit ici d’une entreprise délicate, on peut noter la volonté de la municipalité d’acheter des terres pour installer des maraîchers. Ces derniers devront fournir les Albigeois en légumes. Les maraîchers ne paieront pas de loyer les deux premières années d’exploitation, et cultiveront leurs espaces selon les méthodes de l’agriculture biologique ou de la permaculture.
- « La Dordogne de villages en barrages », Association, portée par 17 communes, pour permettre de valoriser les gorges de la Dordogne dans sa partie la plus méconnue, celle des barrages. Cette Association a, en un premier lieu, déterminé un circuit matérialisé par un sentier aujourd’hui balisé de près de 150 kilomètres allant de Bort les Orgues à Argentat.
- « L’Atelier »à Royère de Vassivière, plus qu’un café associatif, il s’agit aussi d’un lieu pouvant accueillir des activités variées (café, restauration rapide, boutique, accès internet, spectacles, expositions…), pour en faire à la fois un lieu de vie, et un lieu de rencontres et d'initiatives.
- « Les Ateliers », un collectif à Clermont-Ferrand, qui regroupe des artistes dans un espace de travail commun divisé en ateliers individuels, où les outils, les idées et les savoirs-faires sont mutualisés. C’est un lieu d’échanges et de rencontres, un espace-outil qui permet le croisement des expériences et des approches de l’art contemporain. Chaque artiste y poursuit sa pratique personnelle, qui s’inscrit ponctuellement dans une dimension collective. L’activité du groupe se concentre aussi sur une programmation d’expositions et d’événements dans un espace dédié au sein des ateliers, des échanges avec des structures partenaires et des expositions du collectif hors-les-murs.
- Le parc solaire de Girlenhirsch, implanté sur le plan d’eau du parc Friedel, ce parc solaire lacustre comporte 135 panneaux photovoltaïques, générant une puissance totale de 40 kWc. L’énergie produite par ces panneaux (environ 40 800 kWh par an) alimente les installations municipales voisines, dont elle couvre 35 % des besoins électriques. Son installation a coûté 109.400 € HT et a été financée par la Ville d’Illkirch-Graffenstaden, à travers un mécénat de l’entreprise Électricité de Strasbourg, et par l’État, dans le cadre du label « Territoire à énergie positive pour la croissance verte ».
- « La péniche d’abord »,  un collectif collaboratif pour la création d’un établissement flottant sur la rivière Allier à Moulins, sous la forme d’une péniche permettant d’accueillir des événements sociaux culturels.


Bien sûr ce ne sont que quelques exemples, j’aurais pu en citer d’autres, et ils ne sont pas tous transposables à Bort-Les-Orgues. Mais il faut en retenir leurs intentions et leurs potentiels d’innovations et d’émulations.
Nous pourrions notamment, envisager à Bort, la création d’un vaste jardin partagé sous la forme d’une Amap de quartier comme il en existe par ailleurs. Celui-ci permettrait aux habitants de pouvoir cultiver leur bout de jardin lorsqu’ils en sont privés faute de terrain, encadrés par une structure proposant des paniers de légumes et de fruits à un ensemble d’adhérents. Le site de l’ancien camping pourrait être un lieu propice à ce projet.

Dans un esprit plus festif, nous pourrions imaginer un cycle de grands bals, à l’image de celui de Gennetines dans l’Allier, où chaque été, plus de deux mille personnes affluent de toute l’Europe pendant 7 jours et 8 nuits pour danser. Mis en avant par le merveilleux film de la jeune réalisatrice Laetitia Carton (vivant à Faux La Montagne, pour les sceptiques qui pensent que nos jeunes talents ne peuvent vivre au cœur de la ruralité), « Le grand bal ».
Il ne me paraît pas insensé de réaliser un tel événement sur un laps de temps plus restreint, mais répété dans l’année. Pour se faire nos services techniques, en collaboration avec des entreprises locales, pourraient concevoir un parquet nomade pouvant s’implanter aussi bien en bordure de lac qu’au cœur de la cité en fonction du climat et des saisons. Par la même occasion, ce serait l’opportunité de faire appel à nos musiciens de proximité (ou d’ailleurs !) plutôt qu’à la trop traditionnelle et délétère discomobile…
Ce type d’initiative serait une formidable initiative de rapprochements intergénérationnels.

Quoi qu’il en soit, ce type de propositions (comme toutes les actions d’une commune), ne peuvent se concevoir qu’avec l’ambition qui va avec.
En ce sens, chaque projet doit se faire avec l’adhésion et la participation active du plus grand nombre.

La définition et la mise en œuvre de projets culturels en milieu rural permettent de tester la capacité d’expression collective des habitants. Il s’agit pour des acteurs de travailler ensemble, pour des populations de se retrouver. La problématique de la construction d’un lien social renouvelé par le projet culturel n’en est posée qu’avec plus d’acuité. Elle invite à dépasser l’alternative « culture du loto » versus « culture élitiste » pour envisager la culture comme un bien partagé par tous, un vecteur du vivre ensemble, à construire du territoire et à recréer du lien social.

Si grâce à la majorité sortante, Bort dispose d’un panel d’équipements de qualité, il sera important de poursuivre le chantier de rénovation de la ville, mais aussi de maintenir et de développer avec une farouche volonté l’ensemble de nos services publics.

L’inter-communautés ne correspondant plus au bassin de vie de Bort-Les-Orgues, il serait souhaitable d’inviter les communes de Lanobre, Sarroux-Saint-Julien, Margerides, Champs Sur Tarentaine Marchal, Saignes, Ydes, Beaulieu, Monestier Port-Dieu à se regrouper dans une association de communes, afin de mener ensemble des projets et des actions, une mutualisation de moyens et une coordination des différents réseaux. Toutes les questions et les obstacles devront être mis à plat pour, qu’à minima, une réflexion soit portée sur la faisabilité d’un tel rapprochement.

Les bouleversements politiques que nous connaissons à l’échelle nationale et internationale, ont permis de remettre le citoyen au centre des débats, et c’est heureux. L’échelle locale permet aux habitants de se réapproprier leur droit à décider ensemble de la vie collective quotidienne. Il n’est plus l’heure de penser une gouvernance municipale sur les vieux modèles, la création d’assemblées citoyennes tous les semestres afin de délibérer sur les actions en cours et à mener, serait essentiel. De plus, il faut permettre aux citoyens de pouvoir révoquer les élus à tous moments, pour éviter les dérives du pouvoir que nous constatons chaque jour. Si 25 % des électeurs de la commune pétitionnent contre le maire en place, sa démission doit être effective.

Une commune se doit d’être attentive au bien être des travailleurs au sein de leurs entreprises, en leur permettant tous les moyens d’actions nécessaires à la défense de leurs droit et à l’amélioration de leurs conditions de travail. Trop d’ouvriers et d’ouvrières du monde rural souffrent d’un manque de représentation dans leurs entreprises, il est indispensable d’infléchir cet état de fait en favorisant et en encourageant l’engagement de chacun.

La masse d’eau qui a inondé la vallée dès 1952 n’a pas engendré de rapprochements, comme le font les océans entre les ports, au contraire elle a coupé les ponts, au sens propre comme au sens figuré. Elle a détourné les routes, coupé la voie de chemin de fer qui desservait les environs, matérialisé la frontière entre les régions et fermé la vallée par le mur de béton du barrage. Il faut oeuvrer au renversement de ce constat en invitant les riverains à se retourner sur les rives du lac, à penser cette immensité d’eau non plus comme une impasse, une barrière, mais plutôt comme une possibilité fluviale porteuse de sens.
Initier une vie lacustre de janvier à décembre. Faire fi du marnage, afin de développer une pêche de loisirs raisonnée, la randonnée, la découverte de la faune et de la flore, les initiatives culturelles ou les rendez-vous évènementiels, la navigation, les jeux de loisirs.
Mais il ne faut surtout pas omettre, toutes les contraintes liés au barrage que notre ville subit. Il est temps d'établir un véritable rapport de force envers l'état et Edf sur la base de la délibération du 30 mars 2012 signée par plus d'un millier de bortois.
Si la gratuité de l'électricité était une ineptie, des contreparties significatives doivent nous être accordées. Pour cela tous les moyens légaux doivent être envisagés pour contraindre l'état et Edf. Ces moyens devront être débattus en assemblée citoyenne.


Bort-Les-Orgues ne peut plus attendre, il y a une impérieuse nécessité à offrir à notre ville une dynamique ambitieuse et prospective, d’initier une saine émulation pour toutes les générations d’habitants. Ensemble, innovons pour Bort-Les-Orgues !


Jean-Philippe Rispal
auxconfins@gmail.com


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