Chronique Bort Les Orgues#2


Do not disturb


Lors de ma précédente, et première, chronique, je suis revenu sur la journée du 6 avril à Bort-Les-Orgues qui était consacrée à un mouvement contre la privatisation des barrages.
À ma grande surprise ce texte a été consulté par plus d’une centaine de personnes en à peine 3 jours, et partager sur le site https://giletsjaunes19.fr/
Mais sans étonnement, aucun retour sur le fond, rien, nada. Personne ne m’a interpellé, pour revenir sur mon propos. Pire, ce n’est que sur la forme ou des ergotages périphériques que la critique s’est portée. Il n’y a eu aucun commentaire sur la question centrale de la privatisation des barrages, sur la renationalisation d’EDF ou sur l’implication des bortoises et des bortois.
Oui j’ai reçu quelques messages chaleureux de soutien, notamment des gilets jaunes. C’est plaisant, mais il ne s’agissait pas de flatter ceux qui sont proches de notre courant de pensée.

Il est de coutume, dans une bourgade de province, d’être priés de ne pas ramener sa fraise en public. Surtout si l’on est personne, et de fait je ne suis personne. « Personne », dans ce contexte, cela signifie que je ne suis impliqué d’aucune manière dans la vie locale, je n’y ai pas d’entreprise florissante, pas de commerce, je ne suis pas un sportif phare du club chéri, je n’ai aucune forme de pouvoirs, encore moins d’argent et je n’ai pas d’ambition électorale. Trop c’est trop ! Ou plutôt pas assez…
J’aurais volontiers écrit un texte sur la notion de réseau comme préalable à la corruption, mais ce sera pour une autre fois.

Alors lorsque j’interpelle la radio du cru pour connaître les raisons qui n’ont pas permis à leurs postérieurs de se déplacer pour tendre un micro aux manifestants, qui se trouvaient pourtant sur leur palier… En guise de réponse, on me sert une courtoise ironie, je cite :
« Vos bons conseils seraient tellement profitables à l’ensemble de nos auditeurs, nous vous attendons toujours (…) Les échanges d’idées et autres brainstorming  sont tellement plus constructifs et enrichissants ailleurs que devant un écran. Notre communauté à forcément besoin d’un regard avisé comme le vôtre » …
Autrement dit, « merci de vous occuper de votre propre fondement, qui êtes-vous pour venir nous marcher sur les arpions ? »
Personne, donc.
Mais il est toujours plus aisé de se faire repeindre en outrecuidant donneur de leçons aigri qui se cache derrière un écran (sous mon vrai nom malgré tout…) plutôt que de parler du véritable problème.
Pourtant on pourrait en évoquer des problèmes, comme le conflit d’intérêts par exemple, ou comment le média local peut diffuser une information objective en siégeant au conseil municipal ?

Je passerais rapidement sur la demande de l’opposition de ne pas l’associer à un parti politique (il est fort probable que l’on est l’occasion de se pencher sur cette question dans les mois à venir). Mais de ce coté là non plus de l’échiquier, circulez il n’y a rien à voir ni à dire sur le fond de la chronique. Si ce n’est l’affirmation d’un point de vue strictement légaliste, dans la droite ligne d’un courant de pensée dont je vous laisse deviner de quel côté il penche…

In fine, pas de débats, pas de dégats.
Mais comment pourrait-il en être autrement à l’heure où notre gentil gouvernement dresse le bilan « de son sien » grand débat… Cette piteuse mascarade n’a été pour lui  que le prétexte a continuer sa politique nauséabonde, en évitant précisément de débattre. 

Cette question de débattre d'idées me renvoie à un projet concernant les communes riveraines du lac de Bort-Les-Orgues, qu’avec quelques-uns nous avions portés. À l’époque, ce projet avait été envoyé aux 2 régions concernées, aux 3 départements, à la ville de Bort-Les-Orgues, à la communauté de communes, à EDF, ainsi qu’à la direction régionale des affaires culturelles de feu le Limousin. Nous avions pris soin de l’accompagner d’un courrier invitant nos interlocuteurs à débattre de ce projet, à en faire une critique, à mener une réflexion conjointe. De débats, il n’y en a eu point, de critiques encore moins. Nous avons à chaque fois été gentiment reçu et poliment écouté (même lorsque ce fut après plus de 6 mois de relances pour la principale commune concernée), mais jamais personne ne nous a parlé du cœur du projet, ni de sa pertinence. Dans le meilleur des cas, il a été question de « stratégies », de « réseautage », de « prudence politique », de moyens de financement, et dans le pire des cas on s’est entendu dire :

-       « Vous êtes qui ? ».
-      « Votre projet est très intéressant, mais pas ici, pourquoi vous ne le faites pas ailleurs ? ». - Ben il est imaginé pour ici, ailleurs ça ne marche pas…
-       « On ne vous aidera pas VOUS ». - Ah bon ? ben on vous offre le projet, donnez le à quelqu’un d’autre… - « Oui… Mais non ! Merci de partir maintenant ».

Il y a même eu un cas de figure où l’on ne s’est rien entendu dire du tout ! Malgré avoir décroché le financement total pour faire venir et loger 60 étudiants d’une haute école sur 3 semaines, avec un matériel de haute technologie afin de travailler sur une des problématiques périphérique au projet, en restituer des données qui auraient été profitable à tous et générer un événement sans précédent. Silence radio, peau de zob, néant…
Nous en avons donc conclu qu’à force d’être personne, nous ne devions pas être digne d’intérêt(s).

Autrement dit, n’osez pas partager un avis, un point de vue, une idée, surtout si vous n’y avait pas été invité, et encore moins si vous êtes derrière un écran. Merci aux donneurs de leçons de regagner le pilori.
Ou bien encore, « mesdames, messieurs les gilets jaunes, il faut partir maintenant ! On va s’arranger entre amis ».

« Il y a une manière d’enlever toute rationalité à des actes ou à des propos, de leur enlever toute réflexion (…) Renvoyer au chaos et au fanatisme c’est une façon de rendre pathologique ce que font les gens, les gilets jaunes, les manifestants, les activistes, sur les ronds point, dans la rue ou sur les Champs Élysée. Et si l’on dit que c’est pathologique ou criminel, on considère que ce n’est pas soutenable, que ce n’est pas entendable. C’est une stratégie qui consiste à dénier la question politique. », Extrait d’une interview de Vanessa Codaccioni.


Jean-Philippe Rispal

Commentaires

  1. Juste en ce qui concerne la radio locale de Bort, l'année dernière, quand je vivais sur cette commune, je les ai interpellés photos à l'appui, sur l'état lamentable du site de la croix de la bastide. Pas eu la moindre réponse alors qu'il leur était simple de juste diffuser mes photos (avec mon nom) sur leur page fb. Depuis, je n'ai pas une très haute opinion de cette radio, autant partisane" que La Montagne...

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